Menu Fermer

Au Népal en février/mars 2025

AFPN 2025 at Jiri Technical School

Récit du voyage effectué du 20/02/25 au 15/03/25 par Chantal Decock, Béatrice Fourar, Françoise Halbwachs et Anselma Plainfosse avec Clotilde Gauchan Bernard.

Comme toujours, est-il encore besoin de le préciser, chacune a financé ce voyage sur ses propres deniers.

Ce voyage a été programmé dès le mois de juin 2024. Il s’agissait de vérifier que le matériel pédagogique envoyé dans les écoles de Gaur, Malangwa et Jiri était bien utilisé et de rencontrer partenaires et boursiers.

Le réseau routier s’étant bien développé, les différents sites sont accessibles en voiture. Toutefois nous avons souhaité faire une randonnée à partir de Jiri : il s’agissait de faire la traversée du Pikey Peak d’ouest en est jusqu’à Phaphlu . C’est une belle randonnée de 9 jours dont l’organisation a été confiée à l’agence « Lama Randonnées Trekking« .

20 février 2025

Réveil à 6 h du matin. A 7 h, nous fermons la porte de l’appartement et nous nous rendons à la gare de Baden-Baden, pour le train de 8h41.

AFPN 2025 Nepal travel - Bade Baden

Nous parvenons à l’aéroport à 10h07, l’enregistrement des bagages a lieu à partir de 11h-11h30, pour un embarquement à 14 h et un envol à 15 h.

Parvenues dans la zone de transit, zone entre-deux mondes, celui que nous venons de quitter, le nôtre, et celui vers lequel nous allons, nous déjeunons, goûtant ce moment de pure vacance.

Nous arrivons à Doha après 6 h de vol, à 23 h local et nous nous mettons à la recherche de la porte d’embarquement pour Kathmandou. L’aéroport de Doha est immense, nous prenons une navette et parcourons des centaines de mètres de tapis roulant. Arrivées au bon terminal, à proximité de la bonne porte, nous nous offrons 2 h de sieste, allongées sur la moquette d’une salle de repos.

21 février 2025

AFPN 2025 Nepal travel

Nous parvenons à l’aéroport à 10h07, l’enregistrement des bagages a lieu à partir de 11h-11h30, pour un embarquement à 14 h et un envol à 15 h.

Parvenues dans la zone de transit, zone entre-deux mondes, celui que nous venons de quitter, le nôtre, et celui vers lequel nous allons, nous déjeunons, goûtant ce moment de pure vacance.

A 2h20, nous embarquons pour Katmandou où nous atterrissons à 10h30, heure locale, après 4h30 de vol.

Le temps dégagé nous offre le spectacle des cimes enneigées.

Les formulaires de l’immigration avaient été remplis en ligne, et nous obtenons nos visas rapidement. Hélas, j’ai commis une erreur en notant le n° des passeports. En effet, sur la première page, il est noté un numéro à 2 chiffres, 2 lettres, 5 chiffres, espace, 1 chiffre. Eh bien, il ne faut pas noter ce dernier chiffre ! Les ordinateurs de l’immigration ne le supportent pas. Anselma rapporte avoir vu les ordinateurs clignoter en rouge et s’éteindre les uns après les autres ! Ma régularisation s’est faite en quelques minutes, celle de Chantal en une bonne demi-heure et celles d’Anselma et de Béatrice en plus d’une heure. Le temps qu’elles arrivent, les bagages avaient été récupérés et nous sortons de l’aéroport à 12h30.

Samuel, le fils de Karma, qui reprend l’agence de son père, nous attend avec un minibus et nous emmène à l’hôtel Utse,

Clotilde nous informe que Kalpana Jirel – qui travaille désormais à Katmandou – ne pourra être à Jiri à la date des 26-27 février. Nous modifions donc notre programme, nous ferons le trek dans l’autre sens, d’est en ouest, pour arriver à Jiri le 6 mars. Heureusement, l’équipe népalaise est disponible aux nouvelles dates du trek !

22 février 2025

Après une bonne nuit, nous nous levons en bonne forme.

Dans la journée, nous recevons la visite d’Anju. Cette jeune femme intrépide a travaillé comme dentiste à Dho durant 2 saisons. Elle ne peut interrompre ses études plus de 3 ans de suite, aussi ne peut-elle « rempiler » pour une 3e saison, le temps que Pema finisse ses études d’assistante dentaire.

Elle est originaire du Bas-Dolpo. Son oncle maternel est vaccinateur pour le gouvernement. Tous les mois, il participe durant une semaine à des vaccinations itinérantes dans le Bas-Dolpo. C’est lui qui l’a poussée à accepter le poste proposé par Vision Dolpo.

A Dho, elle s’est occupée de la denture des écoliers de Crystal Mountain School. Elle soignait aussi les gens des villages environnants qui sont venus nombreux à l’occasion d’un festival bouddhiste qui a lieu tous les 12 ans.

Anju nous dit avoir été impressionnée par le fait que les enfants de Dho consomment beaucoup de confiseries chinoises. Les ressources locales, elles, reposent sur la pomme de terre et l’orge.

Actuellement, Anju travaille à Katmandou, dans une clinique, comme hygiéniste dentaire. Elle y effectue notamment des détartrages. Ses horaires de travail sont de 10 h à 18 h.

Ce qu’elle souhaite, c’est poursuivre ses études en Grande-Bretagne et passer une licence (bachelor) en soins dentaires. Elle prend des cours d’anglais (de 7 h à 8 h) et va passer dans un mois un examen de langue afin d’obtenir l’autorisation d’étudier en Angleterre. Si elle réussit, il lui faudra obtenir un visa. Et elle devra passer par un intermédiaire pour s’inscrire dans une université britannique. Elle nous dit que les frais de scolarité s’élèvent à 2 millions de roupies par an (14 000 €). Elle espère financer ses études en travaillant à côté.

Sa famille la soutient dans ses démarches et quelques personnes de sa parentèle vivent déjà en Angleterre.

Qu’attend-t-elle de l’Europe ? « Une vie meilleure »…

De fait, les emplois sont très mal rémunérés au Népal et les revenus des jeunes diplômés ne leur permettent pas de payer un loyer et les frais de la vie courante. De fait, ici, chacune de nous dépense en 4 jours le salaire mensuel d’une infirmière (et nous ne buvons même pas de bière !) (mais nous mangeons au restaurant et dormons à l’hôtel).

23 février 2025

Nous avons rendez-vous avec Clotilde à la gare routière de Balkhu, au sud de Katmandou, pour prendre un microbus électrique qui nous conduira à Gaur. Nous nous y rendons en taxi (il en faut 2 pour nous 4 et nos bagages). Nous y sommes à 9h30 mais nous ne partons qu’à 10h40.

Nous prenons la route de Dakshinkali Dakshin Khali, puis de Bhimphédi, direction sud-ouest. Il y a beaucoup de virages, la route est très pentue. Les bus et les camions y sont interdits : bienvenue à Europa Park ! Nous traversons l’impressionnante chaine des Mahabharata. Nous franchissons un col, redescendons vers la rivière Sinneri, que nous remontons sur quelques kilomètres. La route a été emportées sur des centaines de mètres à plusieurs endroits et une piste tracée au fond de l’étroite vallée (quasiment dans le lit de la rivière qui est à sec) permet de contourner les zones détruites.

Puis nous atteignons une zone plus roulante, le tarmac est goudronné et le chauffeur roule à vive allure : après les manèges qui secouent, bienvenue dans la séquence « roulette russe » ! Justement, alors que les passagers lui enjoignent de lever le pied, quelques chèvres batifolent sur la route et un chevreau bondit devant le microbus. Un choc relativement mou… il servira de repas ce soir, je pense…

Après Hetauda, nous arrivons dans le Téraï, la route est plate et droite. Bien que le tarmac soit souvent défoncé, le chauffeur roule vite, dépasse sans visibilité, sans respecter les limitations de vitesse.

A noter les étonnantes performances du microbus électrique : les démarrages et les reprises sont puissants, la réserve d’énergie est bonne : nous rechargeons la batterie après 5-6 h de route – d’une route consommatrice en énergie – et la charge est rapide (45 minutes).

Nos anges étant efficaces, nous parvenons à bon port en fin d’après-midi.

Il fait chaud, 25 à 30°C.

Il y a un mariage et lors du dîner, une fillette de 11 ans entre dans la salle où nous nous restaurons pour nous annoncer, en anglais, que l’école lui avait donné comme devoir d’interroger des étrangers sur leur connaissance du pays. Elle nous explique ensuite qu’elle est triste parce que ce mariage est celui d’une cousine et qu’après, elle ne la verra plus : la jeune mariée (qui ne connait pas vraiment son époux) quitte sa propre famille pour vivre dans celle de son mari et sa vie en sera bouleversée.

24 février 2025

Notre histoire avec les écoles de Gaur et Malangwa remonte à 2022. A cette époque, Mme Kalpana Jirel, après avoir été enseignante à l’école de Jiri, supervisait les écoles de Gaur et Malangwa et nous avait sollicités pour l’achat de matériel pédagogique pour la formation des infirmières et des sages-femmes, pour une valeur de 4 000 € par école. Nous nous rendîmes dans ces écoles en 2023 pour vérifier que le matériel était arrivé, entretenu et utile. AFPN fut alors sollicitée pour l’achat de matériel pour la filière « pharmacie » (d’une valeur de 3 800 € pour Gaur et 3 150 € pour Malangwa).

Depuis, nous n’avions plus de nouvelles : il fallait donc nous rendre sur place.

Après le petit déjeuner, la jeep affrétée par Clotilde vient nous prendre pour nous amener à l’école de Gaur.

Cette journée est une journée nationale de fête du CTEVT (Council for Technical Education and Vocational Training), dont dépendent les écoles gouvernementales et les programmes sont bouleversés. Peu importe, nous sommes bien reçues.

AFPN at Gaur Nursing Institute 2025

Le directeur que nous avions rencontré il y a 2 ans, Mr Tek Raj Paudel, a été muté et remplacé par Mme Sita Kumari Garti Magar, absente ce jour. Umesh Pandit et l’équipe enseignante nous accueillent chaleureusement avec tikkas (bénédiction) et khatags (écharpes de bienvenue).

L’école de Gaur forme des pharmaciens (depuis 2018), des infirmières « staff nurses », des sages-femmes et des health assistants. Les cursus durent 3 ans et les promotions comprennent 30 à 40 étudiants par filière.

Le taux de réussite aux examens nationaux de fin d’étude est de 80 % pour les pharmaciens, 99 % pour les infirmières. Les pharmaciens trouvent des emplois à l’hôpital, dans l’industrie ou en officine. Mais 40 % d’entre eux s’expatrient (Australie, Dubaï, Allemagne…).

Le matériel offert par AFPN est utilisé par les étudiants en 2e année de pharmacie. En 3e année, ils vont en stage à l’hôpital.

Les pharmaciens ont des TP dans 4 domaines différents : les bases de botanique et de zoologie, les bases de physique-chimie, la culture des bactéries, la fabrication des médicaments.

Le bâtiment qui héberge les salles de TP des pharmaciens n’est pas tout à fait terminé, les vitres ne sont pas encore posées, il y a donc beaucoup de poussière. Tout n’est pas encore installé et c’est pour cette raison qu’Umesh ne donnait pas de nouvelles.

Puis nous visitons les salles de TP dévolues aux infirmières et aux sages-femmes.

AFPN Matériel pédagogique

Le matériel fourni en 2023 est toujours utilisé et les enseignants nous demandent des mannequins supplémentaires.

La directrice nous enverra quelques jours plus tard une liste impressionnante (dont finalement nous retiendrons deux items : une « Susie Simon Nursing Patients Care Simulator with Ostomy » d’une valeur de 330000 rps (2 283,5 €) et une Mamabirthie d’une valeur de 146900 rps (1016 €)).

AFPN 2025 Patients Care Simulator

En passant, nous apprenons que les élèves de première année ont des TP dans les villages : chaque étudiante va dans 5 familles durant 6 semaines. Elles interrogent les habitants sur leur façon de vivre, collectent des données et dispensent des conseils d’hygiène.

Nous nous voyons offrir un verre de thé et des fruits (tranches de pomme et morceaux de banane) puis nous reprenons la route pour nous rendre à l’école de Malangwa.

L’école de Malangwa, fondée en 2017, forme des staff-nurses, des health assistants et des pharmaciens.

A Malangwa aussi, le principal a changé : Monsieur Birendra Babu Yadav a fait place à Mr Sanjaya Kumar Yadav, arrivé il y a un mois à peine. Il ne nous connait pas, ne nous attendait pas et, au regard qu’il nous jette, on devine ses pensées : « mais bon sang qui sont ces gens, que veulent-ils et quels problèmes cela va-t-il m’occasionner ? ». Heureusement, les enseignants nous reconnaissent et nous font bon accueil.

Nous sommes conviées dans le bureau du directeur et nous nous présentons, ce qui le rassure quelque peu.

Puis nous visitons les salles de TP des pharmaciens : elles sont propres, le matériel offert par AFPN a été déballé et est utilisé.

Nous allons aussi voir la salle de TP des staff-nurses. Le matériel est stocké correctement et utilisé.

Nous visitons la bibliothèque : les livres sont rangés par thème, certains sont en mauvais état ce qui s’explique par leur utilisation intensive par les élèves. Un stock de livres neufs est entassé dans un coin. Le gouvernement alloue une certaine somme annuelle pour le renouvellement des livres (100000 rps pour l’école de Gaur).

En passant sur le parvis, une enseignante désigne un petit local en cours d’installation, destiné à accueillir des consultations de premiers recours de femmes enceintes. Il n’y sera pas fait d’accouchements : ceux-ci relèvent des missions de l’hôpital local. Il s’agit de faire des consultations, des pansements, de délivrer les traitements prescrits, gratuitement. Pour achever son équipement, il manque une table d’examen, un escabeau et une petite armoire, le tout devant coûter de 3 à 500 €. Ce projet-ci est à la seule initiative de l’équipe d’enseignants et nous décidons séance tenante de financer ces meubles.

Nous prenons congé à 15 h.

Nous partons dans notre jeep privée en direction de Bardibas.

Nous faisons une courte pause pour manger des samossas fort épicés achetés dans une petite échoppe.

AFPN 2025 Nepal, entre Malengwa et Bardibas

Nous traversons la plaine verdoyante, sillonnée de rivières dont les lits sont asséchés. Les habitations sont de petites fermes en rez-de-chaussée, aux murs de lattes de bambou agencées en croisillons puis enduites d’argile et peintes. Les toits sont en tuiles demi-lune, comme ceux du sud de la France. On aperçoit des pompes à eau dans les cours. Devant certaines maisons sèchent des bûchettes de bouse et de paille qui serviront de combustible. Le long de la route vaquent des petits troupeaux de chèvres insouciantes ; des zébus (taureaux blancs à bosse) tirent des charrettes. Des bosquets de bambous parsèment le paysage.

Nous rejoignons la grande route qui traverse la Téraï d’est en ouest : elle est très roulante, très fréquentée par des voitures, des motos, des camions surchargés, des piétons, des chèvres et des singes. En fait, elle est très dangereuse.

Nous atteignons Bardibas (+-200 m d’altitude) vers 16 h et nous y déjeunons. La « mission » de notre chauffeur s’arrête là, mais il accepte de nous emmener à Khurkot (+-600m), de l’autre côté des Siwalik (+- 800 m) et de la chaîne du Mahabharata (+- 2 500 m). Cap au nord, nous partons pour l’ascension du « Gari », le col qui sépare la vallée de la Kamala de celle de la Sun Koshi. Le temps se couvre, quelques gouttes de pluie mouillent le pare-brise, la lumière s’obscurcit. Du moins, la nuit tombante y a-t-il moins de trafic et, du fait des phares, on voit mieux les véhicules à croiser (lorsqu’ils les allument). A noter l’excellence de la route, un ouvrage d’art construit par les Japonais il y a 20 ans : pas d’éboulement, grâce à des renforts qui montent très haut au-dessus de la chaussée, et un tarmac correct. Nous arrivons à Khurkot vers 18h30 et nous arrêtons au « Peace Heaven« , un hôtel bon marché et propre. Les patrons ne sont pas anglophones, les menus sont rédigés en népali. La fille des patrons est infirmière, installée en Australie depuis 9 ans.

Nous sommes soulagées d’être à Khurkot : c’est là que la jeep affrétée par Gombu doit nous prendre demain, pour aller à Phaphlu.

25 février 2025

Khurkot se trouve à environ 110 km à l’est de Katmandou : 4 h de route !

Nous attendions Gombu vers 11 h, mais il arrive à 9h20 déjà. Il a récupéré nos sacs à l’Utse à 5 h de matin.

Il est accompagné par un porteur, Rinji, son gendre. Nous retrouverons Furba et Dawa à Phaphlu. Dawa habite à deux heures de marche au-dessus de Jiri et viendra à pied, en deux jours, Furba vit près de Phaphlu (et rentrera à pied).

AFPN 2025 Nepal - entre Khurkot et Phaphlu

Nous ficelons nos sacs sur le toit de la jeep et y embarquons tous les 8 : le chauffeur, Gombu et Dawa, et nous cinq.

Le chemin est encore très long : nous descendons la Sun Koshi d’ouest en est, sur sa rive droite. Des éboulements et l’effondrement de la moitié de la chaussée de place en place ralentissent la circulation.

Au bout de deux heures, nous atteignons Ghurmi où nous traversons la rivière. Cap au nord, nous commençons l’escalade de la chaine himalayenne : il nous reste 80 km de route à parcourir. La route est étroite, les virages succèdent aux virages. Nous roulons en forêt, passons à Okhaldhunga, un bourg important perché dans la montagne, montons jusqu’à Dhap, 2 932 m, longeons une crête herbeuse, redescendons à 2 000 m, remontons. Finalement, nous parvenons à Phaphlu, 2 600 m, à 16h30.

En sortant de la voiture, nous sommes frappées par la fraîcheur : 15° C en journée.

La salle à manger du lodge, est équipée d’un poêle à bois, les chambres ne sont pas chauffées et nous apprécions la chaleur de nos bons sacs de couchage.

26 février 2025

Pour ce premier jour de randonnée, Gombu a prévu une étape courte. Nous allons à Ringmu (2 720 m), par une piste carrossable qui serpente en balcon à flanc de montagne. Nous longeons de petites fermes, traversons des forêts de conifères et rhododendrons. C’est trop tôt pour la floraison.

Nous arrivons à 13 h, le temps se couvre et les températures chutent à 10°. Le lodge est équipé du même poêle à bois, que nous retrouverons tout au long de la randonnée, au-dessus de 2 500 m. Dès 16 h, nous « ventousons » le poêle avant de retrouver, dès le dîner avalé, nos confortables sacs de couchages.

27 février 2025

Notre prochaine étape est Junbesi. Après le petit déjeuner, nous commençons par descendre pour traverser la Dudhkunda khola, 100 m plus bas. Le pont traversé, nous entamons la montée.

Notre chemin monte tranquillement à flanc de montagne, traversant pentes herbeuses et forêts de conifères et de rhododendrons. Nous parvenons 2 h plus tard à un petit hameau, Salung. Nous déjeunons dans un lodge sympathique et propret.

Après le déjeuner, nous reprenons notre route. Le chemin, en balcon, est quasiment horizontal jusqu’à Phurteng (3 040 m) puis redescend sur Junbesi (2 700 m) où nous arrivons, tôt dans l’après-midi. Nous logeons au Apple Garden Lodge. Après une bonne douche chaude, nous faisons un peu de lessive.

C’est Losar, le nouvel an sherpa et de nombreux amis de la famille des patrons viennent leur rendre visite.

Dans la nuit, vers 3 h du matin, un bruit étrange et des secousses : un tremblement de terre ! On se croirait à nouveau à Europa Park, dans la « maison de Cassandre », cette fois. Clotilde bondit et nous enjoint de sortir au plus vite. Mais la secousse ne dure que quelques minutes. Nous apprenons le lendemain que l’épicentre se situe près de la frontière tibétaine, à Sindhupalchok, et que sa magnitude est de 6,1.

28 février 2025

Gombu avait initialement prévu un jour de repos, avec visite au monastère de Thupten Choling, à 2 h de marche de Junbesi. Clotilde ayant très judicieusement fait remarquer que l’étape du lendemain serait alors très longue – il s’agit d’aller du fond de la vallée au sommet des crêtes (3 820 m) – et nous décidons de repartir dans l’après-midi pour monter jusqu’à Takhkoth (3 100 m) où un lodge a nouvellement été construit.

Nous nous rendons au monastère le matin, avec Gombu et Furba : c’est un gros monastère qui abrite des centaines de moines et de nonnes et, ce jour de fête, un « rimpoché » bénit les pèlerins.

Après le déjeuner, nous partons vers Takhkoth, situé à environ 3 h de marche de Junbesi. Hélas, le ciel se couvre et il se met à pleuvoir. Dommage, car le chemin en balcon permet de belles perspectives sur le paysage environnant. Puis nous entrons dans une forêt de conifères et rhododendrons.

Nous parvenons dans une clairière où se trouve un lodge tout neuf, tenu par Tséring, fin cuisinier, alors que de grosses bourrasques secouent l’atmosphère.

01 mars 2025

Le ciel est couvert, il a neigé, le temps est franchement mauvais mais il paraît que cet après-midi, il fera meilleur. Nous patientons, nous déjeunons à 12h30 et finalement, alors qu’il y a une éclaircie, partons à 13h30. Il s’agit de monter à 3800 m par Phabu Danda, puis de redescendre à Jase Bhanyang à 3520 m. L’éclaircie n’est pas longue et il se met à neiger. Le manque d’oxygène se fait sentir et nous avançons lentement. Vers 17 h, nous parvenons enfin au col et le Pickey Peak apparaît, grosse masse noire, dans les nuages et la brume. Mais nous ne sommes pas arrivés pour autant ! Le chemin descend, puis remonte et nous atteignons une crête que nous longeons. Tempête de neige, bourrasques, brouillard ; la nuit commence à tomber lorsque nous parvenons enfin au lodge.

02 mars 2025

Grand beau ! Le ciel est entièrement dégagé. Une partie du groupe passe par le sommet du Pikey Peak à 4065 m, l’autre, avec les porteurs, emprunte le chemin du bas, qui contourne par le nord, pour atteindre le lieu dénommé « Pikey Basecamp » (3640 m).

AFPN 2025 Nepal montée au Pickey Peak

Après avoir traversé une forêt de petits rhododendrons (5 m de haut environ) par un chemin en escaliers, nous parvenons dans des chaumes enneigés. Le sommet, très venteux, est dénudé et la vue entièrement dégagée, magnifique, sur toute la chaine himalayenne, d’ouest en est, du massif des Annapurnas à celui du Kanchanjunga, sur des centaines de kilomètres. A l’est, couronnés d’un petit nuage, l’Everest et le Lhotse.

Le chemin du bas passe dans une forêt de rhododendrons. Il est dégagé à plusieurs endroits et offre quasiment le même panorama.

L’étape est courte, nous arrivons au lodge avant midi.

Le « Pikey Basecamp » n’est pas un village mais un hameau constitué de quelques lodges. Il y en a un, notamment, bien situé, bien exposé au soleil sur toutes ses façades, équipé de panneaux solaires, offrant probablement la possibilité de douches chaudes. C’est le « Shangri-la » mais ce n’est pas celui choisit par notre guide.

3 mars 2025

Le temps est beau et froid. Après le petit déjeuner, nous entamons la descente. Nous prenons le chemin de Naur. Depuis la veille, une affectueuse petite chienne nous suit et, alors que nous entrons dans une forêt de rhododendrons, elle débusque un gros oiseau brun : probablement une faisane de l’Himalaya, la femelle du lophophore resplendissant (?!). Nous descendons dans la forêt : à cette altitude, à cette saison, les rhododendrons sont en bouton. Au bout de 2 h, nous atteignons la fromagerie de Ngaur, qui est fermée. Elle n’est active que de juin à octobre. Puis nous arrivons dans le charmant petit village de Naur, bâtit sur une crête boisée.

Nous poursuivons la descente. Vers midi, nous parvenons au petit col de Kosinasa. Un couple tient une gargote et nous prépare à manger. C’est remarquable car l’homme et la femme s’apprêtaient à partir fêter Losar, vêtus de leurs plus beaux habits.

Le déjeuner avalé, nous remontons un peu dans la forêt puis à travers champs. Nous parvenons à un village, Gumba. Clotilde nous fait remarquer qu’une des boursières de l’école de Jiri vient de ce village. Il s’étire jusqu’à la crête qui surplombe le lit de la Likhu Khola, 1 200 m en contrebas.

Nous regrettons de ne pas avoir de parapente … et nous entamons cette vertigineuse descente, dans une forêt de rhododendrons et de pins, lorgnant sur la montagne d’en face, qu’il nous faudra escalader demain.

Nous nous arrêtons à mi-pente, dans le village de Namkheli (2 400 m).

4 mars 2025

Nous partons par beau temps. La petite chienne se fait courser par des molosses et doit rebrousser chemin. Nous espérons qu’elle trouvera du monde à accompagner : elle est vraiment attachante !

Nous descendons vers Chaulakharka à travers des terrasses cultivées. Nous apercevons de petites fermes : beaucoup de maisons sont des baraques en tôles ou des maisons dans les murs desquelles des planches en bois sont intercalées horizontalement toutes les 5-6 rangées de pierres : elles ont donc été reconstruites après les séismes de 2015 selon les préconisations antisismiques. En effet, la présence des planches permettrait d’absorber les secousses en cas de tremblement de terre.

Nous traversons des champs de cardamome et parvenons à la Likhu Khola, que nous traversons (1 600 m).

Il est l’heure de déjeuner : une rare soupe fera l’affaire, la gargote ne propose rien d’autre.

Reste à remonter vers Bhandar, notre étape du jour (2 200 m). Le chemin monte en escaliers, traversant des zones boisées (des feuillus) et des terrasses cultivées, jusqu’à Dokharpa. Là, le paysage s’élargit : nous sommes dans une espèce de cirque verdoyant, bien cultivé, parsemé d’habitations pimpantes, voire cossues. Le chemin continue de s’élever tranquillement dans le fond de ce cirque, jusqu’à son extrémité, puis monte à nouveau plus vigoureusement jusqu’à Bhandar (2 200 m). C’est une petite ville avec plusieurs commerces, une banque, plusieurs lodges et une gare routière. Il y a une ligne de bus Bhandar-Katmandou ! Nous logeons dans un hôtel très confortable et propre, l’Himganga, qui dispose d’une salle de bain avec eau chaude (au gaz), que nous utilisons tour à tour avec délice.

5 mars 2025

Le petit déjeuner avalé, nous grimpons jusqu’à la crête située à l’aplomb de Bhandar, à 2 800 m. Le chemin traverse une forêt de rhododendrons. Certains arbres sont en fleurs. Sur la crête se trouve un village de lodges joliment décorés, Deurali. Puis nous entamons la descente vers Shivalaya. Elle est longue, très longue, tantôt en escaliers, tantôt en balcon, dans une forêt de rhododendrons puis à travers des terrasses.

La vue est superbe, même si on ne voit plus les cimes himalayennes. Nous croisons un troupeau de dzoms (croisement yak et vache). Puis nous atteignons une piste carrossable et nous nous arrêtons dans une gargote de Bajgharigaon.

Le chemin ne suit pas la route longtemps. Il descend très raide sur Shivalaya qui est localisée dans le fond de la vallée, le long de la rivière Khimti Khola.

AFPN 2025 Nepal Shivalaya

Comme hier, nous notons au passage que les maisons sont bâties en intercalant des planches horizontales toutes les 4 à 6 rangées de pierre : détruites lors des séismes, elles ont été reconstruites. En arrivant à destination, nous notons aussi avec une consternation toujours renouvelée la quantité de détritus qui souillent les ruisseaux.

Shivalaya est une petite ville, avec une gare routière. Il est possible de se rendre en bus à Jiri, en suivant la rivière jusqu’à Those avant de remonter dans le large vallon de Jiri.

6 mars 2025

Nous empruntons le chemin pédestre. Après avoir traversé la Khimti Khola, il s’engage dans un petit vallon, traversant des terrasses cultivées et des bosquets de feuillus, de bambous et de rhododendrons. Petit sentier en pente douce au début, il se transforme en escaliers et nous nous élevons rapidement jusqu’au charmant petit village de Mali. Nous sommes intrigués par la présence d’une église. Nous poursuivons la montée, traversons une forêt de rhododendrons et parvenons à une crête que nous suivons. Le sentier se perd en une mince sente ; en fait nous sommes perdus, mais ce n’est pas bien grave : nous arrivons à une ferme tenue par un couple très âgé qui nous renseigne sur le chemin. Nous traversons des terrasses et parvenons à un hameau.

Nous sommes invités à prendre le thé dans une maison, une pauvre cahutte en planches, au toit de tôle ondulée. Elle est très sobrement équipée d’une table, de bancs et d’un lit. Quelques armoires et quelques tonneaux de rangement complètent l’ameublement. La cuisine est localisée dans une cabane attenante : un foyer à même le sol.

Nous repartons, descendons des centaines ou des milliers de marches et parvenons à Jiri dans l’après-midi, sous un ciel gris.

AFPN 2025 Nepal Jiri

Kalpana, venant de Katmandou, nous rejoint dans l’après-midi.

Peu après, notre guide et les porteurs vient prendre congé. Nous les remercions tous chaleureusement pour leur efficacité et leur bonne humeur.

7 mars 2025

Nous nous rendons à l’école de Jiri.

AFPN 2025 Nepal Jiri Technical School

Le principal, Monsieur Karma Sherpa, est en poste depuis 3 ans. En son absence, nous sommes reçues par le vice principal, Monsieur Rabindra Marahatta en poste depuis 4 ans.

Nous sommes en contact avec l’école de Jiri depuis 2000. Elle a été créée par les Suisses en 1982. Kalpana a intégré l’équipe enseignante en 2004 jusqu’en 2021, il me semble, suite à quoi elle a pris du galon pour superviser les écoles de Malangwa et Gaur.

Puis, ayant une licence en nursing, elle a été nommée responsable de la mise en place du programme de la formation de sages-femmes à Jiri. Enfin, elle a demandé un poste à Katmandou et travaille désormais au siège du CTEVT dans la section des examens et des inscriptions.

L’école de Jiri comprend trois branches : la formation technique, la formation agricole et la santé. Elle accueille 450 étudiants, toutes branches confondues.

La branche santé forme des sages-femmes depuis 2 ans (30 étudiantes par promotion -dont 3 anciennes Assistants Nurses Midwives) ainsi que des pharmaciens (40 étudiants par promotion depuis 2 ans), mais pas de staff-nurses ni de health assistants car l’hôpital de Jiri n’est qu’un hôpital local.

Nous finançons des bourses pour 6 élèves sages-femmes et 2 élèves pharmaciens.

Et en 2023 et 2024, nous avons financé du matériel pour le cursus de pharmacie (329960 rps – 2 360 €, en 2023 et 181704 rps – 1 300 €, en 2024). Et nous venons de payer des livres pour les élèves et les enseignants de pharmacie (pour un montant de 333358,8 rps soit 2 315 €)

Nous visitons d’abord la bibliothèque. L’impression générale est qu’elle est bien tenue.

Les étudiants peuvent consulter les livres sur place ou en emprunter 2 par semaine. Ils sont rédigés en anglais.

Nous nous rendons ensuite dans les salles de travaux pratiques des sages-femmes, dans le bâtiment préfabriqué financé par AFPN après les séismes de 2015. La salle comprend divers mannequins anatomiques : un squelette (en plastique), des troncs avec les organes internes, des planches diverses. Certains de ces outils ont été fournis par AFPN, au fil du temps.

Une autre salle de TP contient des bocaux dans lesquels des fœtus nagent dans le formol – tout comme à l’institut d’anatomie de Strasbourg durant mes jeunes années. C’est interdit désormais.

Dans la salle des mannequins de simulation, Kalpana nous montre ceux offerts par l’Institut Nick Simons (une organisation privée américaine qui fait depuis 2006 un boulot formidable – cf le compte rendu du voyage de 2018).

Elle nous explique que les Mama Natalia, fort utiles il y a 10 ans, doivent être progressivement remplacées par des MamaBirthie, plus performantes, notamment dans la simulation d’accouchements pathologiques.

AFPN 2025 MamaBirthie

L’an dernier, 2 enseignants étaient venus de Katmandou pendant deux semaines pour apprendre aux professeurs l’utilisation du mannequin : 2 jours pour l’avoir « en main » et le reste pour tirer le maximum de toutes ses potentialités. L’enseignante qui nous l’explique est prête à se rendre à Gaur pour transmettre son savoir.

Puis on nous montre une MamaBreast (pour l’allaitement), une Mama Néonat, une Mama U entièrement mécanique, datant d’il y a plus de 10 ans, qui explique les mouvements du corps du bébé au cours de l’accouchement.

Une demande nous est faite pour l’achat d’un mannequin « Susie Simon Nursing Patients Care Simulator with Ostomy ».

Nous questionnons la fréquence des épisiotomies : les sages femmes népalaises apprennent à encourager les parturientes à ne pousser que doucement pour éviter les déchirures.

Chemin faisant, nous apprenons que les sages-femmes ne sont pas formées à l’échographie. (nb : les échographies pour déterminer le sexe de l’enfant sont interdites).

Les interruptions de grossesse sont légales, jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée si ce sont des IVG et jusqu’à 28 semaines si c’est thérapeutique. Il faut une formation particulière pour pouvoir en pratiquer.

Nous entrons dans une salle de cours. Les élèves nous accueillent en nous offrant des colliers et des bouquets de fleurs de rhododendrons. Kalpana nous présente en insistant bien sur l’objectif d’AFPN d’améliorer les soins dans les régions reculées par la formation de professionnels de santé.

Nous visitons ensuite la salle du planning familial. Lundi, 5 personnes vont venir de Katmandou pour une journée d’information et de conseil. Une centaine de participants est espérée.

Nous quittons les sages-femmes pour rendre visite aux pharmaciens. Plusieurs élèvent sont originaires du Téraï.

Nous visitons le laboratoire : tout le matériel fourni par AFPN est utilisé et apprécié, et une demande d’instruments supplémentaires nous est faite.

Après quoi, nous visitons l’hôpital, au voisinage immédiat de l’école. Il est moderne, bien équipé mais… désert. Il tourne avec 4 médecins : un spécialiste en médecine interne et 3 médecins MBBS (médecins de base – « Bachelor of Medicine and Bachelor of Surgery »). Il n’y a pas de gynécologue ni d’obstétricien mais les médecins sont capables de réaliser des césariennes et des appendicectomies.

Le médecin spécialisé en médecine interne nous guide. Les patients à opérer sont anesthésiés par un infirmier.

Il y a 2 à 3 accouchements par mois. Pour les parturientes, les soins sont totalement gratuits et de surcroit elles sont payées pour accoucher à l’hôpital. Pour les autres patients, les frais sont de 50 rps par jours comprenant les soins, les traitements, l’hébergement et 3 repas par jour pour le malade et 1 accompagnant.

Il n’y fait pas très chaud. Les faux plafonds n’ont pas été posés partout et laissent voir des conduites de ventilation. A l’arrêt, le fonctionnement de celle-ci est trop coûteux en électricité.

Le médecin a 36 ans. Il a été nommé pour 2 ans, est en fin de contrat mais envisage de rester, si son épouse, qui est médecin MBBS, ne peut suivre la formation complémentaire qu’elle espère à Katmandou. Ils ont une fillette de 3 ans ½. Toute la petite famille vit dans un appartement de fonction.

Il souhaite que l’hôpital devienne « provincial », ce qui augmenterait son attractivité. Dans le district voisin, de Ramechhap, il y a 3 hôpitaux, ce qui explique la relative défection de celui de Jiri.

De fait, les élèves ne peuvent effectuer leur stage pratique de 5 mois à Jiri et doivent se rendre à Katmandou, ce qui alourdit le coût des études car l’hébergement y est plus cher.

Nous retournons ensuite dans le bureau du vice principal.

En discutant, avisant le slogan « Clean JTS, green JTS, organic JTS » affiché sur un mur, Chantal fait part de sa tristesse de voir la rivière qui traverse Jiri jonchée d’ordures. Pourtant, régulièrement, les élèves font une opération « nettoyage ». Mais les villageois n’en ont cure !

On nous sert du thé, des fruits et on nous fait signer le livre d’or – dans lequel le passage du Dr Katrin Hagen, fille de Toni Hagen, est noté !
(Toni Hagen est un Suisse qui a arpenté le Népal durant 16 ans, de 1950 à 1966, et rédigé un livre intitulé « Nepal : The Kingdom in the Himalayas », que tout népalophile se doit de posséder dans sa bibliothèque).

AFPN 2025 at Jiri Technical School

Et pour clôturer notre visite, le vice principal nous remet un certificat de gratitude pour l’AFPN, sous verre et dans un très joli cadre doré, que nous rapporterons intact à Gambsheim, ainsi qu’une statuette de Saraswati (déesse hindoue qui représente l’éducation, la créativité et la musique) en résine.

Après quoi, nous déjeunons dans une gargote avec Kalpana, nous prenons nos billets pour Katmandou en microbus puis Anselma et moi faisons une petite balade dans les environs. Mais le temps est couvert et humide.

8 mars 2025

Nous partons tôt le matin. Le temps couvert ne permet pas de jouir du paysage de la crête de Makaibari sur les Gaureshankar, tant pis.

Le microbus, bien que n’ayant théoriquement pas le droit d’entrer dans la ville de Katmandou, nous emmène quand même à l’Utse.

9 mars 2025

A midi, mon ami Krishna Pun vient nous chercher pour nous emmener déjeuner chez lui. Krishna Pun était élève à l’école de Paudwar, puis enseignant. C’est un ami de Gyan Bahadur Pun, l’ancien principal de l’école de Paudwar (en 1986).

Il habite au nord de Katmandou, au pied de Shiva Puri, à 7 km de Thamel. Nous prenons 2 taxis qu’il commande « on line ».

Sa femme revient d’un séjour de 17 ans en Israël, où elle s’est occupée de dames âgées. Elle n’est rentrée que depuis quelques mois. Avec ses émoluments, elle a pu faire construire une maison de 2 étages où la petite famille vit : l’aïeule, Krishna et son épouse, leur fille et leur petit fils.

La cuisine est moderne, bien équipée en instruments électroménagers.

Depuis une quinzaine d’années, Krishna travaille pour une ONG australienne qui intervient dans les écoles de tout le Myagdi, de Baskott à Niangui, de Doba à Chittre (le territoire que le programme de l’AMS couvrait en 1989) pour développer d’autres méthodes pédagogiques que les traditionnelles ainsi que des apprentissages pratiques de la vie courante.

Krishna nous explique que la qualité des écoles, notamment celle de Paudwar, se détériore. D’abord, parce que beaucoup de familles envoient leurs enfants étudier à Pokhara. Ensuite, beaucoup de jeunes de 20-30 ans, hommes et femmes, partent travailler à l’étranger, ce qui limite les naissances. Enfin, les couples choisissent de n’avoir qu’un enfant. Donc il y a moins d’élèves et les profs sont démotivés.

La fille de Krishna est artiste : elle peint et sculpte les cornes de yak que Krishna collecte durant ses tournées : elle en fait de beaux objets.

Nous passons à table. Krishna nous installe puis, finalement rajoute une chaise pour lui et déjeune avec nous. C’est un bon dal-bhat, pas trop épicé. Après le café – un expresso ! nous montons sur la terrasse où la belle-mère de Krishna se repose.

Krishna nous montre encore son petit jardin où il fait pousser des légumes et des fruits.

Nous prenons congé et partons à pied à travers les quartiers poussiéreux et bruyants, encombrés par la circulation et les piétons. Parvenues à Ring Road, qui a été considérablement élargie selon des principes Haussmanniens, nous en avons plein les pattes et prenons un taxi qui nous ramène à l’hôtel.

10 mars 2025

Nous profitons du temps libre pour faire les achats d’artisanat pour AFPN.

Nous faisons nos emplettes, dans Thamel : quelques rouleaux à prière, des mitaines et des « mitouffles » dans un magasin d’articles tricotés (chaque article porte le nom de sa créatrice qui est rémunérée en conséquence ; vu la qualité, je pense qu’il s’agit de productions individuelles, c’est pourquoi je suppose que c’est une coopérative de commerce équitable), de bijoux de pacotilles très beaux (fausses turquoises et faux coraux) et pas chers, de sacs proposés par une coopérative, « woven ». Vu la qualité des articles, je pense que ceux-ci sont produits dans des manufactures selon les critères du « commerce équitable ».

Acheter des articles issus du commerce équitable, c’est double bénéfice : d’abord pour les productrices qui peuvent mieux faire vivre leurs familles et ensuite pour AFPN, même si la marge est moins importante qu’en les achetant dans la rue.

L’après-midi, Béatrice et Chantal reçoivent une (courte) visite de Sarita. Elle a obtenu une bourse et poursuit ses études de bachelor en nursing. Nous sommes contentes pour elle.

Pendant ce temps, Anselma et moi visitons le musée d’art népalais. Une nouvelle génération d’artistes traite les sujets traditionnels d’une façon très moderne, vraiment très intéressante.

11 mars 2025

Nous partons pour Gorkha. Nous retrouvons Clotilde à la station de Ganjapur, au nord-ouest de Katmandou, à 10h45 pour prendre un microbus. La route est en travaux sur la majeure partie du parcours. Quelques rares tronçons, magnifiquement asphaltés et larges laissent augurer de ce que devrait être la route à l’avenir (mais depuis 40 ans que je la pratique, je l’ai toujours vue en travaux et il faut toujours 8 h pour couvrir les 200 km qui séparent Pokhara de Katmandou.) Nous arrivons à Gorkha à 17 h et nous installons au Gurkha Inn, un petit hôtel local qui a du charme.

Badri vient nous saluer et nous présenter le programme du lendemain.

AFPN - A Gorkha, avec notre ami Badri Maskey

12 mars 2025

Badri vient nous chercher dès le petit déjeuner avalé pour nous emmener (à pied à travers les rues de Gorkha) à la « Old Capital Secondary School » qui héberge dans ses murs les classes de formation des health assistants et des pharmaciens.

AFPN finance une bourse pour 8 étudiants HA.

La « Old Capital Secondary School » est une grosse école créée il y a 27 ans. 2 800 élèves étudient sous la férule de 115 professeurs.
Elle comprend un grand bâtiment de plusieurs étages, une cantine, un vaste terrain de sport.

Le directeur est Monsieur Surendra Kunwar, le principal est Monsieur Janak KC. Il nous accompagne tout au long de notre visite.

Nous visitons les classes de HA de 1re et 2e année. Les élèves de 3e année effectuent leur stage pratique à l’hôpital de Gorkha et dans les villages (6 semaines à l’hôpital, 6 semaines dans les villages).

AFPN - Old Capital Secondary School

Les classes sont bien tenues. Monsieur KC nous fait une très bonne impression, non seulement par son attitude envers chaque élève croisé dans les couloirs, mais aussi par ce qu’il restitue aux étudiants HA des objectifs d’AFPN.

AFPN - Old Capital Secondary School

En début d’après-midi, les 8 étudiants HA bénéficiant d’une bourse AFPN viennent nous voir, à l’hôtel.

Ils sont accompagnés par le père d’une des jeunes femmes de Rumchet. Est aussi présent Monsieur Suman Shrestha, qui a bénéficié d’une bourse de pharmacien de 2015 à 2018, accompagné de sa femme et de leur enfant.

Badri fait un très long discours puis nous rappelons succinctement les objectifs de l’association.

Puis Suman Shrestha parle à son tour. Il exprime sa reconnaissance envers Badri, qu’il appelle « Baba » avec un immense respect, il remercie AFPN – la bourse a été le coup de pouce qui a changé sa vie – et surtout, il s’adresse aux boursiers pour les encourager à respecter leur engagement à travailler en zone reculée.

Chemin faisant, Badri me glisse : « Vous souvenez-vous de Prakash Shah ? Je lui téléphone et je vous le passe ! ». Prakash Shah a été boursier pour des études de médecine de 1999 à 2005. Il a toujours travaillé au Népal, dans des zones reculées. Il a maintenant 52 ans.

Mal à l’aise au téléphone, surtout en népali, je bredouille quelques mots de satisfaction et de remerciements. En fait, un tel retour, c’est tout simplement magnifique !

Il est 17h, nous enchaînons avec une réunion : nous rencontrons les membres de la Fondation Badri et Chitra Maskey : son président, Badri, son trésorier, Monsieur Yong Kumar Shrestha et Chitra, l’épouse de Badri.

AFPN - Fondation Badri et Chitra Maskey

Badri annonce que la fondation est enregistrée. L’enregistrement a coûté 2505 rps de taxes officielles. Il remercie AFPN pour ce partenariat et le SWC pour l’approbation des propositions budgétaires.

L’obtention de l’approbation a eu un coût. En outre, un audit annuel payant (mais dont on ne connait pas le prix) sera effectué par le SWC en juillet.

Nous avions décidé de prendre en charge les frais inhérents au projet et la fondation nous propose un forfait de 5 %, beaucoup plus simple à gérer.

Badri et Chitra ont déposé des sous sur le compte épargne de la fondation et ceci rapporte des intérêts. La fondation escompte développer des partenariats avec une association canadienne et une association britannique. Elle encourage aussi AFPN à adresser des candidatures d’étudiants européens pour des stages payants (100 $ le mois) à l’hôpital de Gorkha.

L’ordre du jour étant épuisé (et nous aussi), Badri et Yong clôturent la réunion.

Chemin faisant, nous apprenons qu’aucun bus ne part de Gorkha le lendemain en raison de la fête de holi mais Yong nous trouve une jeep privée en 4-5 coups de fil. Nous sommes soulagées. La jeep est certes plus chère mais beaucoup plus sûre. Et, en plus, elle nous déposera directement à l’hôtel.

Puis nous dînons ensemble.

Tout à coup, une tempête s’abat sur la région et il pleut des trombes d’eau.

13 mars 2025

Badri nous invite à prendre le petit déjeuner chez lui. Il nous a préparé des toasts et des œufs. Il est étonnant de vitalité. Je suis stupéfaite d’apprendre qu’il a 78 ans !

C’est très émus que nous nous quittons lorsque la jeep vient nous chercher.

Le jeune chauffeur est très prudent, nous sommes à peine 5 passagers, peu de bagages, les conditions sont très confortables.

14 mars 2025

Nous avons rendez-vous en début d’après-midi avec des membres de l’équipe de Vision Dolpo : Wangmo, présidente, Furba, responsable des programmes et Lakpa, trésorier.

Anselma et moi, nous nous rendons au stupa de Bodnath où nous retrouvons Clotilde. Nous sommes en avance, nous en profitons pour faire le tour du stupa après avoir payé nos tickets d’entrée. Il fait beau et c’est un plaisir de se promener là.

A l’heure dite, une jeune femme vient nous chercher pour nous amener au siège de Vision Dolpo, car nous ne saurions nous y retrouver dans le dédale des ruelles du quartier.

Il y a en ce moment une session de formation pour préparer les enseignants de la Cristal Mountain School qui vont y travailler cette saison.

Nous sommes reçues par Furba, Lakpa et Wangmo.

Le recrutement de l’assistante dentaire est toujours en cours. Pema, l’élève assistante dentaire – dont AFPN finance les frais d’hébergement et de repas durant ses études à Chitwan – originaire de Dho, qui doit succéder à Sonam, ne sera pas opérationnelle avant 2026. Vision Dolpo cherche quelqu’un du haut Dolpo, pour des raisons linguistiques : les personnes âgées de Dho ne parlent pas le népali.

Wangmo nous donne des nouvelles du dispensaire. Il est actuellement entièrement piloté par le gouvernement local, indépendamment de Vision Dolpo. Il fonctionne mieux car il y a de nombreux « agents temporaires ». Il assure les soins de premier recours. Les médicaments de base, fournis en quantité limitée, avec des dates de péremption courte, sont dispensés gratuitement.

Un infirmier autochtone, travaille de son côté, fait des visites à domicile et délivre des traitements – sa maison est une sorte de pharmacie.

Nigma, une des deux laborantines dont les études ont été financées par AFPN, a trouvé du travail dans un laboratoire de Katmandou, avec l’accord de Vision Dolpo puisqu’aucun laboratoire n’a été créé à Dho. Tséring, l’autre laborantine, travaille comme enseignante à Cristal Mountain School.

Tous les élèves soutenus par Vision Dolpo, leurs études finies, doivent travailler 10 mois à Cristal Mountain School (3 mois d’hivers, 7 mois d’été)

Nous remercions nos interlocuteurs pour toutes ces informations et prenons congé, après qu’ils nous aient remis les traditionnelles khatags.

Anselma et moi décidons de rentrer à pied, 1h30 de parcours. Nous allons vers Pashupatinath, longeons la Bagmati sur quelques centaines de mètres, traversons Ring Road (au péril de nos vies) empruntons des rues encombrées et des ruelles désertes. Les maisons ont du charme. Il y a des jardins soigneusement cultivés et ça et là des petits monuments religieux. Nous découvrons de jolies peintures murales. Nous arrivons à l’hôtel à la nuit.

15 mars 2025

La matinée est employée à boucler nos sacs !

Puis Clotilde nous rejoint : elle nous fait le plaisir de nous tenir compagnie jusqu’à notre départ.

Enfin, Kalpana arrive pour une ultime réunion. D’être en poste à Katmandou ne l’empêche pas d’être toujours impliquée dans la formation des sages-femmes, à Gaur et à Jiri, en coulisse, par le biais d’AFPN.

Nous discutons des demandes d’outils d’apprentissage des écoles de Gaur et de Jiri. Elle s’est renseignée sur les caractéristiques des différents articles et sur leur prix auprès des fournisseurs.

Suite à ses suggestions, nous optons pour l’achat de deux « Susie Simon Nursing Patients Care Simulator with Ostomy » d’une valeur de 330000 rps (2 283,5 €) pièce (une pour Gaur et une pour Jiri) et une « Mamabirthie » d’une valeur de 146900 rps (1016 €)) pour Gaur.

Nous faisons un petit tri dans les demandes d’instruments pour le cursus de pharmacie de Jiri. Nous retenons les articles suivants :

  • un « disintegration apparatus » (47 460 rps)
  • un « waterbath » (14 125 rps)
  • quatre « clevenger apparatus » (4 x 6 102 rps = 24 408 rps)
  • trois « soxhlet » (38 985 rps)
  • un manteau chauffant pour « clevanger apparatus » (8 475 rps)

total : 133 453 rps (922 €)

Le total du coût des outils pédagogiques est de 940 353 rps = 6 505 €.

C’est une grosse somme et nous envisageons de concourir pour une bourse qui nous allègera de la moitié du coût -voire plus … si nous l’obtenons !

Mais l’heure tourne. Il est temps pour Kalpana de nous quitter, après nous avoir elle aussi remis des khatags.

Un court déjeuner, la jeep arrive et ce sont les employés de l’hôtel qui nous en offrent. Il est vrai que nous nous sentons bien dans cet hôtel. Nous y retrouvons régulièrement les mêmes personnes, attentionnées et chaleureuses.

Dernière traversée de Katmandou, voici l’aéroport, nous quittons Clotilde, nous enregistrons les bagages, passons les contrôles de l’immigration puis de la sécurité, et stationnons quelques heures dans la zone de transit, cette curieuse zone de pure vacance entre deux mondes…

Bye bye Katmandou … à la prochaine …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *