Les violences au Népal des 8 et 9 septembre 2025
Les 8 et 9 septembre, le Népal a vécu une insurrection populaire sanglante et destructrice.
Il semblerait que tout a commencé suite à la publication sur les réseaux sociaux de messages provocateurs émanant de jeunes gens issus de la classe la plus aisée du Népal. Ces messages étalaient des images de luxe indécent. Il y eu des remous et, pour calmer les esprits, le gouvernement interdit alors une vingtaine de plateformes de réseaux sociaux. Un collectif appelé « Protestation de la génération Z », a alors organisé une manifestation pour protester contre le népotisme et la corruption.
Ces deux phénomènes maintiennent les populations pauvres dans leur dénuement et bloquent les aspirations de nombre de jeunes diplômés qui ne sont ni Brahmanes, ni Chétris. (En effet, depuis sa création fin du 18è siècle, le Népal n’a été gouverné que par des gens des plus hautes castes, les rois et les premiers ministres Ranas étant tous Chétris et les révolutionnaire maoïstes de la guerre civile de 1996 à 2006 Brahmanes.
Bien que le système des castes ait été abolis à deux reprises, d’abord sous le règne de Mahendra (père de feu Birendra assassiné en 2001 lors de la guerre civile) puis après l’avènement de la république en 2006, il est toujours présent puisque votre nom de famille désigne votre caste : Si vous vous appelez Sharma, Paudel ou Chapagain, par exemple vous êtes ipso facto Brahmanes, si vous vous appelez Battachan, Tulachan, …, vous êtes Thakalis etc …
Bref, ces jeunes nés au début des années 2000, en royauté, qui ont grandi en république, qui stagnent dans la pauvreté ou qui, malgré leurs diplômes peinent à trouver un emploi correctement rémunéré (parce que le coût de la vie a considérablement augmenté ces 10 dernières années – et, en passant, le montant de nos bourses multiplié par 5), ont exprimé leur « ras le bol », d’abord sur un mode festif semble-t-il.
Arrivée devant les ministères, la foule a débordé les militaires qui ont fait feu à balles réelles, tuant une vingtaine de jeunes gens. Du coup, la colère s’est emparée de la foule qui a saccagé et incendié les centres névralgiques du pouvoir. ; et saccagé la ville, pillant des magasins et brûlant des voitures et des hôtels.
Le premier ministre (communiste) a démissionné et les organisateurs de la manifestation, soutenus par le maire de Kathmandou, jeune, ingénieur de formation et musicien, ont eux-même demandé à l’armée de rétablir l’ordre.
Le bilan est lourd, une soixantaine de tués, des palais Rana en ruine, une ville meurtrie.
Une femme qui a la réputation d’être intègre, qui a été présidente de la cours suprême, a été nommée premier ministre (Mme Sushila Karki – elle est donc Chétri – 73 ans). Elle doit donc former un nouveau gouvernement et remettre le pays en état de marche.
Le calme semble revenu.
Nos boursières étant à Jiri et à Gorkha ne sont impactées que par le report de leurs examens à fin octobre. Les étudiants soutenus par Vision Dolpo, qui vivent à Kathmandou, n’ont pas participé aux manifestations et vont bien.
Bien cordialement,
pour AFPN,
la présidente, Dr Françoise Halbwachs